Le thé entre histoire & légende

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Le monde du thé - Entre histoire & légende

Mythes & Légende :

L’empereur Shen Nong

Tout commence en 2737 avant J-C, en Chine. Selon la légende,  alors que l’empereur Shen Nong faisait bouillir de l’eau à l’abri d’un arbre pour se désaltérer, une légère brise agita les branches et en détacha quelques feuilles. Elles se mêlèrent à l’eau et lui donnèrent une couleur et un parfum délicat. L’empereur y goûta et s’en délecta. L’arbre était un théier sauvage : le thé était né.

En Inde une autre légende raconte que le prince Dharma fut touché par la grâce et décida de quitter son pays pour aller prêcher en Chine les préceptes de Bouddha. Il fit vœu de ne pas dormir pendant les 9 années de son périple. Vers la fin de la 3ème année pourtant, il fut pris de somnolence et allait succomber au sommeil lorsque, cueillant par hasard quelques feuilles d’un théier sauvage, il les mordit machinalement. Les vertus tonifiantes du thé firent aussitôt leur effet : Dharma se ragaillardit et puisa dans ces feuilles la force de rester éveillé les années suivantes.

 

Bodhidharma
Au Japon, l’histoire est un peu différente : au bout des 3 années, Bodhidharma, épuisé, s’endormit. A son réveil, furieux de sa faiblesse, il se coupa les paupières et les jeta à terre. Quelques années plus tard, repassant au même endroit, il constata qu’elles avaient donné naissance à un arbuste. Il en goûta les feuilles et s’aperçut qu’elles avaient la propriété de tenir éveillé.

Au-delà des légendes :

 

L’âge du thé bouilli

Le thé apparaît en Chine sous la dynastie des Han de l'Ouest (-206 av. - 24). Il est d'emblée apprécié pour ses vertus thérapeutiques, comme soulageant les fatigues, fortifiant la volonté et ranimant la vue. Il devient une boisson quotidienne en Chine sous la dynastie des Han de l'Est (25 - 220) et à l'époque des Trois Royaumes (220-280).

Les feuilles de thés sont alors broyées et la poudre obtenue compactée sous forme de briques, plus facilement transportables. On mélangeait parfois le thé avec un liquide, comme du sang, pour obtenir des briques plus solides.

Pour le préparer, on émiettait les briques, puis on faisait griller la poudre obtenue pour des raisons hygiéniques (les briques étaient souvent infestées de vers et d'insectes) et aussi pour donner au thé un goût plaisant. La poudre était ensuite bouillie avec des miettes de sel, et parfois du gingembre, de l'oignon, etc. On obtient ainsi une mixture épaisse, à la saveur corsée, servie dans un large bol qui passait de main en main.

Les briques de thés servaient également aux Chinois de monnaie d'échange, à tel point qu'elles faisaient l'objet d'un monopole d'état. Elles leur permettaient notamment de se procurer des chevaux auprès des peuples « barbares » du Nord. C'est ainsi que le thé s'est introduit en Mongolie où de nos jours il est toujours préparé bouilli, salé, additionné de lait de yack ou de vache.

 

Le thé battu

Sous la dynastie des Song du Nord (690-1279) on préparait le thé battu. Les feuilles étaient broyées sous une meule afin d'obtenir une poudre très fine, que l'on fouettait ensuite dans l'eau chaude pour obtenir une mousse substantielle. Ce thé était aussi servi dans un grand bol commun à plusieurs convives.

Le thé devient la boisson de prédilection des lettrés sous la dynastie Tang (618 - 907). Il est introduit au Japon au début du XIIe siècle par le prêtre Eisai. Ce mode de préparation y est encore pratiqué lors de la cérémonie du thé (chanoyu).

 

Le thé infusé

En 1391, Hongwu, le premier empereur de la dynastie Ming décréta que les tributs en thé livrés à la cour devaient l'être non plus sous forme de briques, mais de feuilles entières. Ce décret impérial modifia rapidement les habitudes de consommation du thé. Désormais, les feuilles de thé sont directement infusées dans l'eau chaude.

Le service du thé subit de profonds bouleversements. Il fut désormais conservé dans des boîtes réservées à cet usage et préparé dans un ustensile d'un nouveau genre : une théière. On le servait dans de petites tasses individuelles destinées à en exhaler l'odeur et la saveur. Cette nouvelle vaisselle de théières, de bouilloires, de soucoupes, de tasses devint rapidement objet d'un artisanat raffiné à destination de riches collectionneurs.

On distinguait maintenant les thés suivant leurs régions d'origine, l'aspect des feuilles, leur couleur. Le façonnage devint également un objet d'attention, car les feuilles de thé pouvaient être roulées en boules, en « aiguilles », savamment pliées et liées entre elles pour former des fleurs, des têtes de dragons, etc.

 

Introduction du thé en Europe
Le thé, tout comme le café, fut introduit en Europe par les hollandais : en 1606, un navire hollandais de la Dutch East Company embarqua à Java quelques caisses de thé, échangées contre des caisses de sauge. Soit que les hollandais achetèrent alors des thés fermentés, soit que le thé fermenta naturellement au cours du voyage, toujours est-il que le thé fut d'abord connu en Europe sous la forme de « thé noir ».

La reine Anne Stuart
En 1653, les premières caisses arrivent en Angleterre où le thé se répand rapidement, porté par la vogue du café. La reine Anne Stuart le consomme pour la première fois au petit déjeuner. Anne, Duchesse de Bedford (1788-1861) est la première à inviter ses amies pour une petite collation lors de l'après-midi, autour d'une tasse de thé accompagnée de petits gâteaux, de sandwiches, de pâtisseries. Elle imite une habitude des salons français, qui d'ailleurs disparût en France, avant d'être de nouveau réintroduite à la fin du XIXe siècle... par imitation de la tradition anglaise ! 

La pratique éminemment sociale de l'afternoon tea se répandit dans toute les couches de la population et se formalisa au XIXe siècle en five o'clock tea.

Le thé devint au cours des XVIIe siècle et XVIIIe siècle un enjeu économique majeur, l'objet d'une lutte acharnée entre Anglais et Hollandais. La Compagnie des Indes Orientales, fondée en 1599 par la reine Élisabeth, eut le monopole du commerce du thé jusqu'en 1834. En 1638, le Japon ferma ses ports à l'Occident pour plus de deux siècles. La Chine devint donc la principale source d'approvisionnement en thé. À la fin du XVIIIe siècle, les Anglais mirent en place un système triangulaire tout à leur avantage : le pavot produit dans leurs colonies indiennes, transformé en opium, était échangé contre du thé en Chine, et vendu ensuite sur le marché européen. La Chine tenta de s'opposer à l'importation de l'opium : interdictions de l'importation, saisies et destructions de caisses se succèdent sans effet. Après la première puis la deuxième guerre de l'opium, la Chine est contrainte d'autoriser le commerce de l'opium, de limiter ses tarifs douaniers, d'ouvrir des ports à l'Occident, de céder Hong Kong aux Anglais, etc.

La Boston Tea Party fut, en 1773, un acte de désobéissance dans lequel des habitants des colonies qui allaient constituer les États-Unis d'Amérique jetèrent à la mer des caisses de thé britannique pour protester contre les taxes. Cet événement préfigure la Guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique.


Robert Fortune
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